Ma première fois chez « Le Maître viande »

Une aventure culinaire spéciale chez Le Maître viande

En Afrique et en Côte d’Ivoire, se déguste allégrement des viandes non conventionnelles, entendez par là la « viande de brousse » par exemple l’agouti* ou la bîche. Cependant, notre foodie ou plutôt notre héros du jour s’est laissé tenter par des « viandes » qui le sont encore moins. Il nous partage son aventure culinaire plus que spéciale dans un récit drôlement bien rédigé 🙂

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Je ne suis pas un amateur de plats « exotiques » ou un rancunier voulant se venger des reptiles. J’ai juste la « chance » d’avoir pour très bon ami, un « initié » et pour mon baptême de feu, il a vraiment fait fort ! Le pire c’est que je n’ai pas eu de préparation psychologique préalable avant cette aventure culinaire spéciale chez « Le Maître viande ».

J’ai presque toujours vécu à Yopougon et je connais (de nom surtout) certains maquis spécialisés en viande de brousse comme le Zoo, Aux Petits Zanimaux (oui, oui), Le Nêgrêbo ou Au champ. Mais « Le Maître viande », jamais entendu parler ; mon ami soutient que c’est pourtant une référence dans le « milieu ».

J’y vais donc, suivant mon initiateur, ce dimanche-là en début d’après-midi à Yopougon Niangon Sud non loin du Centre Social. On est chaleureusement accueillis par le patron, Maître viande himself ! Il est penché sur un fourneau installé devant la cuisine. A son ami (mon initiateur) qui l’interroge sur ce qu’il prépare avec tant de concentration, il répond que ce sont des brochettes de langues de crocodile ! Et de préciser, c’est « très délicat, donc je supervise ça moi-même ».

J’ai essayé de ne pas laisser paraître d’émotion particulière mais alors qu’on rejoignait notre table, mon ami m’assure que c’est pas ce qu’on va manger. Cela sans préciser ce qui est prévu pour nous, se contentant de me répéter comme il le fait depuis qu’on est en chemin, que ce n’est pas un classique comme l’agouti ou le hérisson. Et moi de lui répéter à mon tour qu’il risque de manger seul 🙂

Le cadre, c’est un maquis en « plein air » ordinaire, avec une ambiance assez familiale. « Les connaisseurs se connaissent entre eux » comme dirait l’autre. Mon initiateur en a d’ailleurs salué à quelques tables avant de s’installer. L’épouse du patron (non elle s’appelle pas « Maîtresse viande ») fait la navette entre la cuisine et les tables, s’assurant que tout se passe bien. C’est une affaire de famille.

Une aventure culinaire spéciale chez Le Maître viande

A peine le serveur (le petit-frère de Maître viande), nous a servi à boire que notre plat arrive. Mon initiateur avait passé la commande dans la matinée, pour qu’on gagne du temps selon lui mais je sais que c’est surtout pour éviter que je me dégonfle pendant l’attente. J’ai déjà eu à lui faire ce coup il y a quelques temps. J’ai décliné à la dernière minute, une invitation à manger un plat de grenouilles chez lui.

Cette fois je suis bien là et face à un plat qui donne envie, de la viande grillée aux petits pois. Mon ami veut que j’essaie de deviner ce que c’est en goûtant, je refuse. Il finit par céder et un sourire malicieux en coin, savourant son premier morceau, il me révèle que c’est du crocodile ! Bon, je suis un brave garçon… je commence par les petits pois ! Ils sont bien assaisonnés, le piment bien présent. Puis mon premier bout de croco ! L’odeur est assez ordinaire, pas forte comme certains gibiers. Le goût l’est aussi. Je dirai que c’est entre le bœuf et le poulet. Rien d’agressif, la viande est bien cuite juste qu’il y a un peu trop de graisse dont je me débarrasse pour ne manger que la chair. Je n’y vais pas au même rythme que mon initiateur mais ça passe !

On n’est qu’à la moitié du crocodile, qu’une autre serveuse pose sur notre table un « talier » (récipient en terre cuite). Mon ami se met à rire voyant que j’ai deviné ce que c’est ! Oui pas besoin d’être un expert pour s’apercevoir que dans cette sauce, ces écailles sur cette peau sont bien celles d’un serpent. Et l’initiateur de s’empresser de me dire « c’est pas n’importe quel serpent, c’est du python, faut goûter, c’est mieux que le croco » ! Je continue à avancer avec le crocodile, ne sachant pas encore quoi répondre. Comme pour m’encourager, il prend une cuillère et se met à manger un morceau, avec la peau ! Au novice que je suis il conseille de ne déguster que la chair pour commencer.

Après une courte hésitation et deux morceaux de croco, je me lance. Bon, en prenant un peu de temps, la sauce, très pimentée, un peu d’attiéké et … un tout petit bout de chair. Je ne dirai pas que je suis aussitôt devenu l’un des leurs, l’un de ceux que le « Maître » appelle « disciples viande » mais c’est véritablement bon ! Comme l’a dit mon ami, c’est de loin plus savoureux que le crocodile ! C’est comme du poisson, pas loin du capitaine, mon initiateur parle de lapin. J’ai donc abandonné les derniers morceaux du croco pour me consacrer au python sous la fière supervision de mon cher ami. Etant rassasié je me suis surpris à regretter qu’on n’ait pas commencé par le python !

 Je ne sais pas si j’y retournerai pour découvrir d’autres animaux servis là-bas comme le varan, le sanglier, la genette… J’ai prévu devenir végétarien et être un protecteur des animaux (un jour) mais j’ai encore de la marge. A ceux que ça pourrait intéresser, initiés et futurs initiés, « Le maître viande » n’est ouvert que les samedis et dimanches. On s’y retrouvera peut-être … un jour !

[ Infos Utiles ]

Chez « Le Maître viande » est situé à Yopougon Niangon à gauche, Carrefour Centre Social.

Contact: +225 77 01 77 71

Honoré

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4 Comments

  • Reply hermann acka 28 janvier 2017 at 11 h 59 min

    j’ai adoré !!!! ça donne envie faut dire que je compte devenir un disciple

    • Reply Afrofoodie 30 janvier 2017 at 7 h 23 min

      Ah oui ? Tu nous raconteras tes aventures à ton tour 🙂

  • Reply BeatriceDG 14 février 2017 at 14 h 04 min

    Je mangeais régulièrement du varan et du piton pendant 10 ans, les années durant lesquelles j’étais propriétaire de Best of Africa. J’appréciais beaucoup le varan. Piton pas mal. Crocodile fade; et bien des années plus tard trouvé toujours aussi fade (sauf pour ce qui est de l’assaisonnement) à SAAKAN

    • Reply Afrofoodie 14 février 2017 at 17 h 40 min

      Merci Béatrice pour ton retour. On note pour l’appréciation du varan et qui sait si on osera le déguster un jour également 😀

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